Dans le domaine de la transplantation, le laboratoire IRTOMIT (Ischémie Reperfusion en Transplantation d’Organes Mécanismes et Innovations Thérapeutiques), labelisé unité mixte de recherche INSERM/Université de Poitiers (U1082), a une expertise reconnue sur la thématique ischémie-reperfusion. Dans ses travaux sur l’amélioration de la conservation des greffons, cette unité collabore avec la plateforme pré-clinique de l’INRA à Surgères, qui, à partir d’un modèle porcin, reproduit des situations rencontrées en clinique humaine pour mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques mis en jeu.

 

Un des axes principaux de recherche du laboratoire IRTOMIT (Ischémie Reperfusion en Transplantation d’Organes Mécanismes et Innovations Thérapeutiques), dirigé par le professeur Thierry Hauet, portent sur la conservation des organes et la limitation des lésions de l’ischémie reperfusion (stress subi par l’organe entre le prélèvement et la reperfusion sanguine) et les conséquences précoces et à long terme chez le receveur.

Améliorer la conservation des greffons « non-optimaux »

Le défi de ce 21ème siècle sera de faire face au manque de greffon à transplanter. En effet, la transplantation est victime de son succès ; de plus en plus de patients peuvent en bénéficier, mais le nombre d’organes que l’on peut transplanter reste insuffisant. Très tôt le laboratoire s’est intéressé aux reins du fait du besoin en cet organe et d’un état des lieux très préoccupant de la transplantation rénale en France. A l’heure actuelle, pour un donneur, il y a cinq receveurs potentiels et cela pose un réel problème de prise en charge et de santé publique. Pour d’autres organes comme le foie ou le cœur, la pénurie n’est « que » de deux candidats par greffon disponible.

Face à ce constat et à la nécessité de répondre aux besoins, le recours à des greffons dits « non optimaux » s’imposait. D’où la nécessité de faire appel à de nouvelles sources de donneurs : décédés après arrêt cardiaque ou encore des donneurs de plus en plus âgés présentant souvent des facteurs de co-morbidité (hypertension, hypercholestérolémie, diabète…).

Toute la problématique est que les greffons prélevés sur ces types de donneurs sont plus fragiles aux phénomènes de conservation avec deux conséquences majeures : une durée de vie réduite des greffons et des rejets plus importants.

Penser le parcours global du greffon, du donneur au receveur

Aussi, les travaux d’IRTOMIT se concentrent sur le rôle de la phase de conservation des organes en vue de leur transplantation et de leur devenir. Différentes techniques de conditionnement du donneur ou de l’organe sont ainsi étudiées pour augmenter la viabilité des greffons rénaux. L’objectif est de penser le parcours global du greffon, du donneur au receveur.

Ce qui se traduit par la mise en œuvre de solutions de conservation pour lesquelles différentes molécules (anti-thrombique, anti-ischémique ou anti-oxydante…) sont testées notamment via la plateforme pré-clinique de l’INRA à Surgères s’appuyant sur le modèle du porc (caractéristiques proches de l’homme) ainsi que sur le rongeur mais aussi par une meilleure connaissance des mécanismes en jeu pendant la phase d’ischémie, au moment de la reperfusion ou post-transplantation.

A côté des reins, IRTOMIT développe également des protocoles de recherche sur la transplantation hépatique, celle du cœur et des poumons et sur les procédés d’évaluation des organes afin d’optimiser et d’adapter leur prélèvement et leur conservation au moyen de nouvelles plateformes pouvant être assimiler à des HUB ou des plateaux de perfusion multi-organes.

De cette recherche sur la conservation des greffons et sur certains aspects de l’immunologie de la transplantation, en a découlé une recherche clinique d’excellence sur la prise en charge des donneurs, la conservation des organes avec en lien l’adaptation de l’immunodépression chez les patients greffés et sur l’évaluation et la prévention des stratégies de traitements anti-rejet.